Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les chroniques de Souleymane

13 décembre 2008

Encadrement musclé

Vendredi 12 octobre, 17h30, rassemblement devant l'ambassade de Grèce.
CRS_tenue_maintien_ordre_p1200484Après une demi heure de rassemblement dans le calme, je me dirige vers le métro avec 3 camarades du Parti de gauche. Drapeaux pliés sous le bras, nous arrivons place de l'Étoile, où les anciens combattants sont réunis pour la cérémonie quotidienne d'allumage de la flamme du soldat inconnu.
Un CRS nous interpelle alors sur un ton sec "qu'est-ce qu'il y a sur vos drapeau ? Et où est-ce que vous allez" ? N'ayant rien à cacher, un camarade répond qu'il s'agit de drapeaux du Parti de gauche et que nous nous rendons au métro pour rentrer chez nous. "Vous savez où est le métro, c'est par là bas" dit-il sur un ton  méprisant. Un autre CRS intervient et glisse à son collègue "Surveille bien que çà aille jusqu'au métro". Étonné, un camarade demande ce que signifie le "çà". Réponse du CRS "Cela ne vous regarde pas !!! Occupez vous de vos affaires".
Les CRS ne semblant pas disposer à discuter nous continuons notre chemin mais rapidement nous nous apercevons que nous sommes encadrés par une dizaine de CRS munis de matraques, casques et boucliers ! Devant, derrière, à gauche et à droite, nous sommes totalement encerclés. La situation est totalement surréaliste. Imaginez 4 simples militants, drapeaux rangés, qui se font escorter par 10 CRS en tenue de combat, le tout en haut des Champs-Elysées. La situation nous amuse mais du côté des CRS le sérieux est de mise.
Pendant quelques minutes, nous nous prenons donc  pour un groupe de ministres encadrés par un service d'ordre. Cela est très agréable : pas besoin de réfléchir au chemin, pas besoin de regarder à droite et à gauche avant de traverser, les CRS s'occupent de tout.
Je tiens donc à remercier ces braves fonctionnaires qui nous ont permis, pendant quelques instants, de se considérer comme des personnes très importantes.

Publicité
Publicité
10 décembre 2008

La Commune et l'Internationale

Image_2Face à la crise boursière, face à la crise écologique, face à la crise social, un nouveau parti politique cherche à construire une alternative ambitieuse et immédiate.

Oui, le Parti de gauche s'inscrit dans la tradition d'une gauche socialiste qui se retrouve dans les valeurs de la Commune, de l'Internationale, mais aussi de Jaurès, du Front populaire, etc... Même si cela peut paraître ambitieux - mais l'ambition n'est-elle pas nécessaire en politique ? - le Parti de gauche veut reprendre les meilleures idées de toute la gauche.

Ce qui est étonnant dans ce parti, c'est que beaucoup de militants viennent de quitter le Parti socialiste. Et voir - comme cela c'est produit lors du premier du PG - d'anciens militants du PS chanter l'internationale le poing levé est assez inattendu. Mais cela est en même temps réjouissant. A côté de ces anciens militants du PS, le PG rassemble des personnes venants de divers horizons, notamment des communistes et des écologistes. Beaucoup de militants vivent aussi leur première expérience dans un parti politique.

Le Parti de gauche est clairement un parti "réformiste" qui souhaite parvenir aux plus hautes responsabilités en dépassant la droite mais aussi le PS. Mais réformiste ce signifie pas "être mou" ou "vendu au capital". Le Parti de gauche souhaite clairement construire une nouvelle offre politique capable de dépasser le capitalisme. La crise financière actuelle a montré les dangers de l'ultra-libéralisme. Mais plus que l'ultra-libéralisme, c'est le capitalisme dans son principe même qu'il est plus que temps de remettre en cause. Dans le même temps, il nous faut prendre en compte les erreurs du passé pour parvenir à mettre sur pied un projet de société républicaine et socialiste.

Le Parti de gauche est aussi un parti "d'éducation populaire", reprenant ici la tradition de l'association Pour une république sociale (PRS) dont est issu le PG. Il est nécessaire de se replonger dans les grands textes d'un Karl Marx, ou d'un Jean Jaurès, qui bien qu'anciens ne sont pas pour autant inutiles pour analyser notre monde contemporain. Aux côtés de ces textes fondateurs, il s'agit aussi de comprendre l'actualité et les problématiques contemporaines.

Enfin le Parti de gauche s'inscrit dans une tradition internationaliste. Le premier ami du Parti de gauche est sans doute "Die linke" ("La gauche"), parti allemand fondé par Oskar Lafontaine en 2007. Mais le Parti de gauche se tourne aussi vers l'Amérique latine. L'Ambassarice de Bolivie et de l'Ambassadeur du Vénézuela  étaient d'ailleurs présents au premier meeting du PG. Le Parti de gauche se doit de regarder les expériences de ses voisins plus ou moins éloignés pour construire une nouvelle alternative en France.

Il resterait beaucoup à dire sur le Parti de gauche : son mode de fonctionnement démocratique qui laisse la possibilité à chacun de s'exprimer, sa présence dans les mouvements sociaux, sa volonté d'agir immédiatement pour une Europe sociale, l'affirmation des principes laïcs,  son souhait de constituer un Front unique de gauche pour les élections européens, etc...

Je terminerais simplement par cette citation de Jean Jaurès :  "Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir".


9 décembre 2008

Déceptions

formulaire_haut_okChouette, un débat entre un ancien Président de la République et un ancien soixante-huitard. Voila ce que je me disais ce matin avant d'assister à la rencontre entre Valéry Giscard d'Estaing et Daniel Cohn-Bendit. Malheureusement j'ai rapidement été déçu par cet évènement.

Je vous passe la présentation faite par Laurent Batsch (Président de l'université) et une présentatrice de la Chaîne parlementaire qui ont essayé de nous faire croire que Dauphine était l'héritière de mai 68. Certes, l'université Paris-Dauphine est né en 1968 mais ses origines tiennent moins de la révolte étudiante et ouvrière que de  la pensée de Raymond Arond qui a investit les anciens locaux de l'OTAN pendant les évènements de 1968.

Bref, le débat commençait mal mais la suite allait être pire. Christophe Barbien, directeur de la rédaction de l'Express était chargé de faire une rapide présentation des intervenants. Sous prétexte de rendre sa présentation amusante et sympathique, Barbier nous a fait un résumé simpliste et dénué de toute véritable analyse politique. Comble pour une journaliste politique. Extrait en substance : Valéry et Dany ont tous les deux un "y" dans leur prénom ; à travers ce "i grec" on perçoit à leur amour pour la démocratie... Je tiens à remercier M. Barbier pour son analyse pertinente et enrichissante. 

Malheureusement M. Barbier n'a pas été le seul à me décevoir. Fidèle à lui même, Valery Giscard d'Estaing a adopté une position que je qualifierais d'hautaine. A propos de la campagne espagnole pour le référendum du Traité constitutionnel européen (TCE), Valery Giscard d'Estain a expliqué que les Espagnols "ont eu l'intelligence de ne pas faire de campagne politique". Peut-on se réjouir de l'absence de politique lors d'une campagne référendaire ? On se plaint souvent que l'Union européenne soit un "géant économique mais un nain politique". Avec le TCE, les citoyens ont mené une véritable discussion politique sur l'Europe. Et un ancien Président de la République, qui plus est rédacteur du TCE, critique la volonté de faire de la question européenne une question politique ?

Enfin, c'est peut être Cohn Bendit qui m'a le plus déçu. Je savais par avance que le Cohn-Bendit de 2008 n'était plus le Dany le Rouge de 68. Mais pour autant, je croyais que Daniel Cohn Bendit était un homme de gauche. Cependant, aucun mot sur l'un des problèmes essentiels de l'Europe d'aujourd'hui : l'absence d'une véritable Europe sociale. A force de défendre à tout prix la construction européenne, Daniel Cohn-Bendit finit par accepter n'importe quelle solution. Que les différents traités européens s'inscrivent dans une orientation clairement libérale, mettant de côté la question de l'Europe sociale ne semble pas déranger M. Cohn-Bendit. On retrouve d'ailleurs cette même logique du compromis - ou de la compromission - dans la liste "Europe écologie" défendue par M. Cohn-Bendit. On y trouve des partisans du "non" au TCE aux côtés des défenseurs du "oui". On y retrouve aussi des écologistes de gauche ainsi que des écologistes siégeant dans des exécutifs locaux avec la droite. Je ne m'égarerait pas ici sur le positionnement des écologistes sur l'échiquier politique, mais ceci nous démontre bien comment Cohn-Bendit laisse clairement de côté ses convictions de gauche. L'Europe à n'importe quel prix ne me semble pas être la meilleure des solutions.

Enfin, et pour clore ma liste de déceptions, je voudrait revenir sur la forme même de ce débat. Des étudiants Erasmus ont eu l'occasion de poser des questions à MM. d'Estaing et Cohn-Bendit. Seulement, ces questions avaient été préparées à l'avance - et donc surement sélectionnées - alors que l'intérêt d'un débat, me semble t-il, et de pouvoir réagir en temps réel aux propos des invités. Malheureusement, il semble que ce type de fonctionnement soit classique de l'association Dauphine discussion débat, organisatrice de cette rencontre... Dommage.

Publicité
Publicité
Les chroniques de Souleymane
Publicité
Publicité